L'histoire d'aujourd'hui commence par une rencontre, celle de Jonathan lors de notre sortie en bateau à Kunta Kinteh. On discute un peu, puis le lendemain je le revois sur la plage avec sa maman Joan, et là, de fil en aiguille elle m'explique qu'elle en est à son 13 ème séjour et qu'elle collecte des fonds en Angleterre pour donner aux écoles méthodistes. Cette année ils construisent une classe à Brikama. Passionnant !
L'idée germe vite dans ma tête, que j'ai là une porte d'entrée dans une école. Après une rencontre avec le bishop, puis sa remplaçante puisqu'il est sur le départ, on me met en contact avec Ruth.
Ruth, irlandaise du nord, est une directrice d'école en disponibilité qui est venue 3 ans durant travailler dans les écoles méthodistes du coin. Elle me fait visiter celles de Banjul pour que je me fasse une idée et choisisse où aller. Nous avons fait une lower basic à statut gouvernemental, 2 privées (4/6 ans et 7/14 ans) pusi 2 autres maternelles. La 1ère sera la "bonne", pas la mieux car il n'y a pas de mieux ou moins bien, mais c'est une école gouvernementale qui a un nombre impressionnant d'élèves par classe et c'est là que j'ai eu envie d'apporter mon aide 1 fois par semaine.
Albion Lower Basic School est une école gouvernementale à 15 mn de marche de l'hôtel et dans une rue donnant sur le square du 22 juillet dans Banjul. 669 enfants y viennent dans 15 classes... avez-vous fait le calcul ? Et oui, cela fait une moyenne de 45 élèves par classe, ce qui est le chiffre maximal souhaité par le gouvernement... et d'ailleurs probablement minimal aussi pour ce type d'école.
Les 2 'grade one' ont chacune 46 élèves et les 2 'grade two' en ont chacune 61. Ceci fait que dans les classes des plus grands il n'y a en général que 30 à 35 élèves.
Chaque enfant doit aller à l'école, mais la pauvreté fait que si les parents n'ont pas de quoi leur acheter leur uniforme, ils ne vont pas les envoyer et vous verrez toujours de jeunes enfants dans les rues aux horaires de classes. Dans les écoles gouvernementales le trimestre coûte 5 Dalasi (€ 0,06, le prix d'un petit pain) et l'état fourni en principe cahiers, livres et crayons. Cette école étant régie par le diocèse méthodiste, l'Etat attend d'eux qu'ils collectent des fonds privés et ils n'ont pas forcément autant de cahiers qu'il y aura d'enfants dans la classe. Heureusement, il y a des bénéfacteurs qu'ils soient vacanciers et fassent une donation, qu'ils donnent dans leur pays (U.K.) et cela arrive par container ou que ce soit des entreprises locales qui contribuent avec photocopies de livres ou autre.
Moi j'ai choisi d'apporter mon aide dans une classe de 'Grade One'. Les plus jeunes ont 6 ans et les plus âgés 8. Certains ont fait maternelle avant mais pour un bon nombre c'est leur 1ère expérience de l'école. Ici, 8 tribus, donc 8 langues sont répertoriées, plus les "autres", mais dans les 2 premières années il n'y a "que" des Mandingo, Wollof, Pular, Jola et Serere. Les Sarahule, Manjago ou Balanta ne sont qu'en micro nombre chez les plus grands. La plupart des enfants parlent au moins le Wollof si ce n'est aussi Mandinka. De ce côté là les maîtresses assurent.
Et moi ? et bien je m'y mets un peu pour l'essentiel et cela les amuse bien. Il ne suffit pas d'apprendre un mot encore faut-t'il savoir dans quelle langue. Comme j'aide souvent en math et qu'ils comptent, un des 1er mot appris ici a été "niatala" qui veut dire "combien ?".
Le grand dénuement dans les classes il est vrai m'a beaucoup surprise. Il y a le strict minimum et encore. Les mômes gardent leurs sacs à dos car ils n'ont nulle part où les mettre. Progressivement, j'essaie de leur faire comprendre que la table est faite pour travailler et que ce n'est ni une feuille où écrire, ni fait pour y taper les crayons de cahier dessus en guise d'instruments de musique, ni un banc pour s'asseoir, ni un repose-sac et encore moins faite pour marcher dessus.
Ils sont bien mignons tous ces mômes et je me régale à les aider en math ou en anglais. La maîtresse adore quand je viens et je deviens la préposée à l'écriture au tableau car dit-t'elle je dessine mieux qu'elle. Et oui, c'est moi qui ait du dessiner les "nak" (vache), "bé" (chèvre), "mousse" (chat), "pitcher" (oiseau) "ganar" (poule) "mam" (ane) et "hadj" (chien). Je retiens en phonétique et essaie d'améliorer car je ne comprends pas toujours très bien du premier coup donc il y a peut-être encore des erreurs ci-dessus.
Pour midi, les enfants amènent chaque jour D 3 (€ 0,05). Ceux qui n'ont pas d'argent ne reçoivent en principe pas de repas, mais bien sur la solidarité est forte et un effort est fait pour partager autant que faire ce peut. Quelques rares arrivent avec un bout de pain à l'école et ils essaient maladroitement de cacher ce repas qu'ils mangent en cours. Vers 11h30 mais plutôt 11h50, les enfants sortent, vont se laver les mains au robinet extérieur, puis ils font la queue (bas gauche) pour avoir un plateau sur lequel sera servi du riz avec une sauce aux légumes. Ensuite un petit groupe va s'asseoir par terre autour du plateau pour manger (bas droite).
Les cours reprendront 1/2 h plus tard pour finir à 14 h. Les maîtresses restent plus longtemps car il y a des enfants qui ont du support. Tous seront partis vers 16 h. Mardi de 9h à 12h c'est mon rendez-vous et je suis même invitée à y retourner dans la semaine si je le souhaite car la maîtresse adore elle aussi.
J'ai même eu ma ligne de célébrité sur trip advisor car une personne qui avait donné des fournitures scolaires a mit un petit mot gentil. Jeudi dernier encore, j'y ai emmené un couple qui ont été accueilli par le sous-directeur et le responsable des prof forts heureux de recevoir du matériel. Maintenant chaque classe aura au moins un taille crayon car c'est assez affolant de voir des mômes de 6 ans avec leur lames de rasoir tailler leur crayon !
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