Il était une fois un polonais qui avait un bateau. Ce capitaine au long court parti de son beau pays, longeât les côtes européennes, bravant du très mauvais temps vers la Manche, descendit le long de l'Afrique et en 40 jours arriva en "baie" de Banjul. Son projet s'est vite monté avec l'aide d'un tour operator pour le remplissage et de l'Atlantic Laico pour la partie restauration. Beau bateau, le plus beau d'ailleurs avec une stabilité telle qu'il n'y a pas de tangage... et qui fait pâlir d'envie la concurrence avec leurs vieux rafiots.
Chef Ousman, haut gauche -Sullayman, serveur, haut droite. Pascal embarque sur la pirogue pour rejoindre l'île Kunta Kinteh.
Nous étions de la première sortie "inaugurale" et c'est un grand bravo à tous, l'équipe du bateau, les voyagistes et surtout nos cuisiniers et serveurs si souriants, si enthousiastes . Le bateau est bien équipé; il y a même un marché pour Allaman Chaudronnerie m'aperçois-je avec certains bateaux de survie en tôle orange. Eh les gars, vous avez déjà la couleurs en stock, ne reste plus qu'à démarcher les armateurs ☺
Départ de Banjul vers 9 h et c'est 2 heures de navigation en remontant le fleuve Gambie que l'on a pour atteindre Albreda/Juffureh. Parcours tranquille pépère avec un peu de lecture sur le pont supérieur. La vita è bella !
Nous allons visiter Albreda/Juffureh village d'où vient le personnage principal de Racines, le fameux roman d'Alex Hayley. Le livre, basé sur l'histoire de l'esclavage et romancé, raconte la vie de Kunta Kinteh né dans une famille Mandinka. Jeune, dans la forêt pour ramasser du bois il est capturé par 2 noirs et 2 colons. Ces derniers le font prisonnier, le marquent au fer rouge et l'envoient en Amérique sur un négrier. Arrivé dans le Mariland, il est vendu à un planteur qui le nomme Toby Reynolds. Hayley raconte ensuite sa vie et celle de sa famille.
Le village a érigé une statue en commémoration de cette triste période esclavagiste avec un "jamais plus cela" et chaque 2 ans en février se tiennent des célébrations réunissant nombre de descendants venant surtout d'Amérique et des Caraibes. La prochaine sera en 2013. Albreda/Juffureh a été occupé par les français durant quasi 2 siècles et c'est le premier lieu où se sont installés les européens en Afrique de l'ouest pour la traite des noirs.
Ile de Kinta Kinteh, Réplique à petite échelle d'un négrier
Le commerce avec l'Afrique qui se faisait surtout par le désert s'est développé au 15 ème siècle avec l'exploration par les européens des côtes ouest. La traite des noirs a explosé avec le besoin de fournir les nouvelles colonies des Amériques en main d'oeuvre pour les plantations de sucre, coton et tabac.
James Island, "caillou" au milieu du fleuve, proche de Juffureh, fut possession britannique 300 ans durant. Tout d'abords poste stratégique de contrôle du trafic sur le fleuve, elle a aussi servi de lieu de garde d'esclaves. Sur ce petit îlot il y avait un fort que les français ont détruits en 1778. Malgré cela les anglais ont continué la traite de Juffureh. Ils ont aboli l'esclavage en 1807, mais c'est après cette période que le plus grand trafic a eu lieu jusque dans les années 1870.
Du fort il ne reste que quelques ruines. Les anglais ont d'ailleurs abandonnés James Island en 1816 au profit de l'île Ste Marie où ils construisirent Bathurst (l'actuel Banjul).
L'île a été rebaptisé Kunta kinteh en 2011.
On nous a baladé dans le village de Juffureh où la vie suit son cours mais est surtout rythmée par les visites de vacanciers véritables poules aux oeufs d'or.
Par politesse et respect il faut aller saluer les anciennes du village dites descendantes de Kinta (gauche milieu - Binta kinteh est de la 7 ème génération après Kunta Kinteh). Le titre de chef du village "Adja" est donné à l'ainé de la famille du chef et peut-être aussi bien masculin que féminin, mais si la personne ne convient pas (incompétence ou autre) alors il y a l'option de voter pour choisir le Adja. Actuellement une femme, elle a la charge de collecter les taxes et de résoudre les conflits éventuels.
De-ci de là, des personnes se mettent à écraser le grain à votre passage et en attendent un petit billet. Ce côté mercantile n'est pas le plus agréable il est vrai, mais d'un autre côté, c'est un moyen de vivre pour eux. Cette vie se rencontre dans chaque village que vous allez passer en voiture, pas besoin de se retrouver perdu dans la brousse pour voir des gens tirer de l'eau des puits ou écraser le grain, c'est encore le mode de vie courant d'un grande majorité de personnes.
Chacun est libre et l'artisanat est intéressant et pas très cher. Une girafe sculptée de 70 cm de haut fait dans les D 250 ( env. € 6) et le gars travail "en direct". Les gamins vendent les fruits offerts par la nature travaillés ou pas comme les calebasses ou loofah.
Nous avons découvert un beau morceau d'histoire et ils ont repris une phrase célèbre qui dit : "On pardonne mais cela ne veut pas dire que l'on oublie" (We can forgive, it does not mean we forget).
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