Comme mentionné il y a quelques mois, après notre visite à la ferme aux reptiles, la prochaine étape était de faire la sortie comptage et capture éventuelle des crocodiles.
La sortie démarre l'après-midi au centre des reptiles car Luc nous explique tout sur les crocodiles que l'on trouve en Gambie. Tout d'abords qu'ils sont utiles car ils mangent principalement les poissons malades ce qui permet d'éviter les épidémies de maladies qui décimeraient les populations et résulterait en une baisse de la pêche.
Il y a 3 sortes de crocodiles en Gambie, et parmi celles-ci nous avons déjà rencontré la plus courante que j'appelais crocodile du Nil (
c.niloticus) mais qui, il y a 5 mois à été reclassé comme une espèce à part entière : les crocodiles d'Afrique de l'ouest
Crocodylus suchus. C'est le plus courant et celui que l'on verra et manipulera. Il est reconnaissable à ses yeux non protubérants et il a une peau douce d'excellente qualité recherchée pour la maroquinerie contrairement aux autres. Un signe distinctif est qu'il a 4-4-2 écailles nucales c'est à dire des plaques formant carapace au niveau de sa nuque
(haut droite). Pas sur que l'on s'approche d'aussi près dans la nature pour pouvoir faire cette distinction !
On trouve aussi le croco nain Osteolaemus tetrapis (1,5m environ) mais il est rare d'en voir et on le croyait même disparu. Il est plus compact, a un museau court, des yeux noirs et ses écailles nucales sont de 2 et 2. En recherche d'eau il peut marcher des jours durant pour trouver une mare. C'est un prédateur qui se nourrit de vertébrés mais aussi de crustacés.
La 3ème espèce
Crocodylus (ou mecistops) cataphractus le faux-gavial d'Afrique (ou à nuque cuirassée). Il peut atteindre les 5 m varie en coloris, mais les jeunes ont le museau rayé. Sa queue est proportionnellement plus longue. Nain et gavial se trouveront dans les eaux fraîches plutôt stagnantes. il a un long museau qui lui sert à attraper les poissons, serpents, amphibiens et autres crustacés.
Après la leçon technique nous sommes passés à la pratique... pour le cas où. Luc a attrapé un jeune croco, lui a scotché le museau et l'a reposé dans un bassin. A nous d'essayer de l'attraper
(bas milieu et droite) en étant preste, en le tenant de manière à ne pas lui faire mal et surtout qu'il ne puisse nous faire mal ou s'échapper. Même tout petit comme cela il avait beaucoup de vigueur; surtout pour les 1ers car ensuite il se fatigue vite et perd son énergie. C'était bien marrant ! Luc utilise toujours un petit. Quand celui-ci devient trop grand alors il le relâche dans la nature et en cherche un autre.
Pendant que nous étions au centre, un gambien a amené un caméléon pas des plus vigoureux. Il était très sombre
(haut gauche) et Luc a dit que c'est parce qu'il était stressé. Et le mien l'autre jour qui s'était paré de jaune ? Aussi une forme de stress mais pas le même. Celui-ci semblait flagada et déshydraté et Luc l'a posé sur un arbre. En quelques minutes seulement il est redevenu vert quasi fluo
(bas gauche), mais il se pendait par la queue et Luc a du le re-positionner ailleurs et le "rafraîchir" un peu avec des gouttes d'eau.
Chaque fois qu'un gambien lui amène un animal Luc lui donne un petit billet pour encourager et sensibiliser les locaux à ne pas massacrer les serpents et sauver les animaux. Ceux-ci, malades ou bien portant, font un séjour à la "ferme", servent à l'instruction des visiteurs, puis sont éventuellement relâchés dans leur habitat naturel.
Vers 16h15 c'est départ en voiture pour le sud Kartong et la rivière Allaheim qui fait frontière entre la Gambie et le Sénégal. Bien sur il ne faut jamais oublier ses papiers car il y a toujours des contrôles routiers en Gambie et en plus l'immigration près des frontières. La montée de la rivière se fera dans un bateau fait d'un seul morceau de bois. Plus petit, mais bien plus stable que la pirogue "tanguante" que nous avions eu pour Kunta Kinteh. Seul moyen rapide et économique de traverser pour beaucoup, elle peut transporter aussi bien sacs de riz que matelas ou vélos !
Maritou (haut, milieu) la femme de Luc est de la sortie car c'est elle la plus experte à repérer les crocodiles. En fait nous n'en n'attraperont pas, mais ce n'est pas vraiment prévu dans cette zone car ils se trouvent dans la mangrove que l'on ne peut approcher de trop près en pirogue donc nous voilà rassurés.
2 h durant nous avons navigué sur cette rivière et nous sommes extasiés du spectacle offert par la faune. Ensuite c'était pause dîner dans une "saline" immense (haut gauche) . Chacun a attrapé un sac, une glacière, est allé cherché un peu de bois pour faire un feu et nous avons mangé l'excellente cuisine de Maritou. Nous avions prévu pantalon et manche longue mais à notre grande surprise il n'y a pas eu un seul moustique pour nous gâcher ces instants de bonheur. Une fois la nuit tombée il était temps de faire le retour dans la noirceur de l'eau. Nous avions des torches et l'objectif était de repérer 2 "lumières vertes". En fait le crocodile a une couche derrière la rétine qui agit comme un miroir et donc reflète. Vu ... pas vu ? euh ... peut-être ... mais alors pas 100% surs, allez disons que oui, au moins un pour ma part. Sur la quinzaine potentielle répertoriée par Luc.
Tout au long du fleuve que ce soit côté gambien ou sénégalais il y a la mangrove et l'on pouvait voir les huîtres accrochées aux tiges des palétuviers. Vers le mois de juin celles-ci seront assez grosses pour être ramassées. C'est en général une tache dévolue aux femmes qui décrochent les huîtres par paquets et vont les trier/ouvrir dans une zone comme celle où nous avons fait la pause repas. En général elle font un feu pour les cuire ou les sécher selon l'usage souhaité. Il y en avait pour des kilomètres !
Nous avons vu un crabe violoniste (haut gauche), une mangouste des marais (milieu gauche), des babouins au loin mais aussi une variété incroyable d'oiseaux tels les cormorans (haut droite), balbuzards (milieu droite), hérons (bas droite), pélicans et autres martin-pêcheurs. On en a pris pleins les mirettes ! ... et plein la carte mémoire de l'appareil photo donc à suivre . . .